Didier Berberat
Conseiller aux Etats

Comme tout le monde, j’ai lu dans ma jeunesse les Fables de la Fontaine et j’avais gardé le sentiment que le renard était un animal subtil et rusé. Or, force est de constater que le projet RENARD mis sur pied par le Département de la Santé et des Affaires sociales (DSAS) ne fait pas preuve de la subtilité susmentionnée.

Qu’en est-il exactement de ce drôle d’animal ?

Le doux acronyme de RENARD signifie Réalisation des Etablissements sociaux Neuchâtelois Ambulatoires et Résidentiels de Demain. Ce projet vise avant tout à moderniser les institutions s’occupant de personnes en difficulté et à faire des économies.

Si, à l’évidence, les Fondations qui s’occupent de ces personnes n’ont jamais été opposées à une modernisation et sont conscientes que dans les circonstances actuelles des économies doivent être réalisées, il n’en demeure pas moins que le projet semble pour le moins mal emmanché et flou.

En effet, cette démarche, présentée le 31 août dernier, intervient au moment même où le Conseil d’Etat, sans consultation, et contrairement à tout ce qui avait été prévu auparavant, remet en cause la politique salariale des établissements spécialisés en s’éloignant des mécanismes pratiqués au niveau de l’Etat, ce qui a mis sur les pattes de derrière, non pas le renard en question, mais les collaboratrices et les collaborateurs de ces institutions, et on le comprend.

Quand on souhaite procéder à des refontes fondamentales de tout un secteur, on doit faire en sorte que les conditions-cadres minimums soient réunies, notamment la confiance et la sérénité, ce qui n’est pas le cas. De plus, ce projet, concocté dans les cuisines du Service des Etablissements spécialisés (SES) fixe des délais très ambitieux et pour tout dire franchement irréalistes. Par ailleurs, le postulat de base est que les établissements en question dépensent trop d’argent, sans que pour autant, on en apporte un début de preuve.

On a vraiment l’impression dans ce domaine que l’on se base sur des a priori alors même que le projet RENARD, dont il faut d’ailleurs préciser qu’il compte d’ailleurs une meute de cinq petits RENARDs, a déjà quasiment fixé des objectifs et la manière de les atteindre, sans qu’une discussion n’ait eu lieu au préalable et sans que l’objectif financier voulu ne soit précisé avec exactitude pour les cinq secteurs concernés.

De plus, on doit également signaler que ce projet « enfonce des portes ouvertes », puisque l’ANMEA (Association Neuchâteloise des Maisons pour Enfants, Adolescents et Adultes) étudiait déjà certaines pistes que le projet RENARD semble découvrir, ce d’autant plus qu’il existe un plan d’équipement relativement récent qui a été longuement réfléchi par tous les partenaires ( et avalisé pour la dernière fois par le Grand Conseil unanime le 31 janvier 2000) et qui est occulté dans le projet en question.

Il y a donc de très bonnes raisons pour que, sous sa forme actuelle, la chasse au RENARD soit ouverte.

Cependant, malgré le fait que ce projet ait pour le moins mal débuté, j’estime qu’il doit se poursuivre puisque, comme déjà indiqué, les Etablissements spécialisés sont prêts à se remettre en question et à trouver des synergies, mais dans d’autres conditions que jusqu’à présent. Il apparaît toutefois que l’écueil le plus important que rencontrent les différents groupes de travail et le Comité de pilotage soit le Chef du SES. La dernière séance de l’Assemblée générale de l’ANMEA, qui regroupe les quelques 20 Fondations spécialisées du canton, qui emploient près de 1000 personnes, et qui s’occupent de jeunes, de personnes handicapées ou en difficultés sociales, l’a clairement confirmé.

On peut affirmer qu’une réelle volonté de collaborer avec le DSAS et d’aller de l’avant existe en soulignant toutefois que les conclusions des cinq groupes de travail et du Comité de pilotage ne peuvent, par définition, pas être fixées par avance, mais doivent être le résultat de discussions approfondies menées par les personnes qui connaissent le mieux la situation et la multiplicité des prises en charge, puisqu’elles oeuvrent depuis de nombreuses années dans ces secteurs.

Didier Berberat Président de Sombaille Jeunesse