Didier Berberat
Conseiller aux Etats

Les élections fédérales auront bel et bien lieu cet automne, Cela est nettement perceptible lorsqu'on observe l'attitude d'obstruction totale de la droite du Parlement fédéral lors de la session de printemps des Chambres.

En effet, durant ces trois semaines, ces partis ont témoigné d'une fermeture absolue au sujet des propositions ayant un caractère social, qu'elles émanent de la gauche, ou du Conseil fédéral. En premier lieu, la majorité du National a rejeté la généralisation d'une cinquième semaine de vacances pour les salarié-e-s de plus de 50 ans, alors même que cette mesure n'aurait touché que 10% des travailleuses et travailleurs, puisque les 90 autres pour cent en sont déjà au bénéfice, de par les conventions collectives de travail (CCT), certains contrats de travail, ou les réglementations concernant la fonction publique. Ce geste n'aurait pas coûté cher et aurait bénéficié aux personnes les plus fragiles qui ne sont pas couvertes par une CCT. Malheureusement, l'obsession des économies a fait capoter ce projet. Il en a été de même d'une autre proposition de notre parti qui demandait l'instauration d'une sixième semaine de vacances pour les apprentis-e-s et les jeunes de moins de 20 ans. Malgré le fait que la Confédération et de nombreuses entreprises accordent déjà ce droit à leurs propres apprenti-e-s et l'appui de la Société suisse des employé-e-s de commerce, la quasi-unanimité de la droite parlementaire a, ici aussi, rejeté, pour des raisons idéolo-giques, cette proposition qui aurait permis d'améliorer l'attractivité de la voie de l'apprentissage par rapport à la voie à plein temps en école.

Le débat urgent au sujet de la situation économique a été très décevant, puisque le Conseil fédéral a estimé, avec la droite, que tout n'allait pas si mal que cela et que les propositions du PS (assouplissement du frein à l'endettement, programme de relance, politique monétaire, construction de logements, etc.) étaient inadaptées, car l'actuelle politique conjoncturelle allait dans la bonne direction. La seule petite ouverture faite par le Conseil fédéral a été d'accepter notre demande de prolonger le chômage partiel de 12 à 18 mois, jusqu'au printemps 2004. Cette décision est importante pour les travailleuses et les travailleurs de ce canton, puisqu'elle incitera les entreprises à ne pas procéder à des licenciements en raison du ralentissement de la conjoncture. Par contre, le Conseil fédéral ne nous a pas suivi-e-s, pour l'instant, sur une autre de nos revendications, à savoir, une disposition permettant aux personnes actuellement au chômage, de bénéficier des 520 indemnités journalières de chômage au lieu des 400 jours prévus par le nouveau régime qui entrera en vigueur le 1er juillet prochain. En effet, si aucune disposition transitoire n'est introduite dans la future ordonnance sur l'assurance-chômage, près de 8000 personnes se retrouveront brusquement en fin de droit au 1er juillet prochain.

Nous remettrons donc l'ouvrage sur le métier, avec l'aide de l'Union des Villes suisses et l'Association des Communes suisses, ainsi que de certains cantons, afin de faire en sorte que ces droits acquis soient reconnus.

La droite parlementaire a également fait preuve d'obstruction en ce qui concerne le programme de construction de logements pour les années 2003 à 2006. En effet, vu la pénurie dans ce secteur, nous avions souhaité que le crédit- cadre de 500 millions de francs proposés par le Conseil fédéral soit porté à 650 millions, ce qui aurait permis la construction de 2000 logements supplémentaires. La majorité du Conseil national a non seulement refu-sé notre proposition, mais également celle du Conseil fédéral et ramené ce crédit à 300 millions, ce qui signifie qu'au lieu des 8000 logements que nous proposions, seuls 3600 seront construits durant ces 4 ans, ce qui, à l'évidence, est scandaleux tant pour les locataires que pour les entreprises de construction qui auraient bénéficié ainsi d'un coup de pouce bienvenu.

Un des seuls points importants sur lequel le Conseil national a pu se mettre d'accord, d'ailleurs contre l'avis de l'UDC, a été le rejet de l'initiative en faveur de l'internement à vie des délinquant-e-s très dangereux. Si tous les groupes se sont prononcés pour un durcissement dans ce domaine, la majorité du National dans laquelle figurait le PS a estimé que l'initiative, même si elle poursuivait des buts louables, promettait plus qu'elle ne pouvait tenir. En effet, aux yeux du Conseil fédéral et de la majorité, la révision en cours du code pénal, en prévoyant un internement de durée indéterminée, tout en garantissant aux condamné-e-s le droit au réexamen régulier de leur jugement, frappe plus juste qu'une initiative sans nuances, qui est d'ailleurs contraire à la Convention européenne des droits de l'homme. Pour nous, il ne s'agit pas du tout de laxisme, mais il nous apparaît qu'il est impossible d'établir un pronostic à vie, comme le demande l'initiative. En résumé, cette session, qui a été marquée par une grande crispation de la droite du Parlement, montre une fois encore la totale fermeture en matière sociale des partis de droite et le populisme grandissant de l'UDC. Il est à espérer que les électrices et électeurs neuchâtelois sauront s'en rappeler et feront le bon choix cet automne et ne succomberont pas aux sirènes populistes.